Wilder Girls – Rory Power

Wilder Girls
Editions : Robert Laffont R439 pages
ISBN : 9782221246788Traduit par Frédérique Le Boucher

Une île sauvage, trois amies inséparables, une descente aux enfers.

Voilà bientôt dix-huit mois qu’un mal inconnu, la Tox, a frappé l’île Raxter. Dix-huit mois que le pensionnat pour jeunes filles qui en occupe la pointe a été mis sous quarantaine.
D’abord, la Tox a tué les enseignantes, une à une, puis elle a infecté les élèves, dont les survivantes portent désormais ses monstrueux stigmates dans leur chair.
Coupées du reste du monde, cernées par les bêtes mutantes qui rôdent dans les bois alentour et livrées à elles-mêmes, celles qui restent n’osent plus sortir de l’enceinte de l’école. Jour après jour, elles attendent le vaccin que le gouvernement leur a promis.
Hetty et ses deux meilleures amies, Byatt et Reese, se serrent les coudes malgré les privations, bien déterminées à lutter ensemble jusqu’au bout…
Plus glaçant encore que Sa Majesté des mouches, un huis clos féminin et féministe qui a fait frissonner l’Amérique de plaisir


Ce livre était mis en avant à la médiathèque et la délicatesse de la couverture m’a conquise. La promesse d’un récit féministe aussi, il faut dire. alors qu’en est-il ?

C’est en le lisant que j’ai découvert qu’il s’agissait en fait de Young Adult. Si cette étiquette ne signifie pas « mauvais » pour moi, par contre, elle me refroidit souvent car éloignée de mon vécu, actuel et passé. Mais ça ne signifie aucunement que je suis incapable d’apprécier ce que je lis. Et puis bon, je lis de la fantasy, et les dragons, ça ne court pas les rues non plus, donc c’est un non-argument (en apparence…).

Wilder Girls est un huis-clos insulaire : une épidémie étrange sévit sur une pile occupée par un internat de jeunes filles. Elles sont coupées du monde, et nous les rejoignons, par le biais du point de vue de Hetty, la narratrice, dans un style parlé/monologue intérieur, alors qu’elles sont malades depuis un an et demi et que leurs rangs se sont déjà clairsemés. La Tox, cette étrange maladie qui les torture, provoque des déformations du corps qui surviennent lors de crises proches de l’épilepsie.

Ces déformations, parfois décrite de manière abstraites, ancrent le genre du livre dans le body horror, pour parfois flirter avec le gore à la Saw. Si les corps restent abstraits, les violences que certaines filles s’infligent à elles-mêmes sont décrites avec une espèce de jouissance perverse qui m’a mise mal à l’aise. Le côté horreur est la seule réussite à mon sens.

Wilder Girls tente aussi d’être un récit sur l’amitié, en plus d’un huis-clos horrifique. Mais c’est là que le bât blesse. On débarque un an et demi après la guerre, et les amitiés, déjà solides, sont peu crédibles. On a l’impression que certaines se font que se supporter parce qu’elles sont au même endroit en même temps, mais en fait, elles sont amoureuses l’une de l’autre, la meilleure amie éblouissante et spectaculaire ne nous est jamais montrée comme telle, les sentiments que dit ressentir Hetty semblent très forts, mais on ne voit jamais pourquoi, et ni les actions, ni les paroles ne vont dans ce sens. Enfin, je ne sais pas, les réactions me semblaient peu cohérentes avec le manque de développement des personnages. D’ailleurs, on n’échappe pas au trope du triangle amoureux, avec une légère variation jouant sur l’ambiguïté de l’orientation sexuelle.

Et l’autre gros point noir de ce livre, c’est que l’épidémie n’est jamais réellement expliquée. Les personnages qui connaissent le pourquoi du comment ? Paf, on les tue avant qu’ils puissent dire quoi que ce soit. La fin est expéditive et bâclée, on nous donne une vague explication sur l’origine de la contagion, mais rien sur l’implication de l’armée, comme si l’autrice avait eu la flemme de chercher une justification à tout cas et qu’elle en avait eu marre. D’ailleurs, la vague explication, si elle ne sort pas d’un scénario d’X-Files auquel on aurait retiré Mulder et Scully, je mange mon chapeau.

Quant au féminisme, je n’ose pas me prononcer. Un roman dont presque tous les protagonistes sont des femmes est-il forcément féministe ? Je n’en suis pas sûre. Est-ce que ce roman-ci est féministe ? Peut-être, mais je n’en suis pas persuadée.

En bref, pas la lecture de l’année. Un premier roman pétri de défauts qui ne fait qu’effleurer la surface, mais pas complètement désagréable à lire malgré le gore, auquel je n’aurais pas – et à raison – jeté un seul oeil (Hetty dit coucou) s’il n’avait pas eu une si jolie couverture.

Même quand il n’y a pas de pain, il y a toujours du shampooing.

Non mais allôôô quoi.

Une réflexion sur “Wilder Girls – Rory Power

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