Chroniques mi-figue mi-raisin, entre mindfuck et mares de sang.
Heurs et malheurs du sous-majordome Minor – Patrick Dewitt

Plongée dans une atmosphère gothique trompeuse avec un (anti-?) héros naïf et mythomane, j’ai couru plusieurs fois vers des fausses pistes, pensant lire une version loufoque de Dracula, mais non, il ne s’agit absolument pas de ça.
Mais alors, de quoi s’agit-il ? Nous suivons les pérégrinations de Lucy Minor, jeune homme rêveur et, comme déjà mentionné, naïf et ayant légèrement tendance à enjoliver les choses en sa faveur. Il s’ennuie dans son village et parvient à obtenir un emploi de sous-majordome quelque part dans les Alpes. Le domaine où il va travailler est rempli de mystères, les villageois sont haut en couleurs, et les filles tombent toutes amoureuses de lui, bien évidemment. Ce livre m’a évoqué un Dracula sous la plume d’un Kivirähk, la faute à l’aura de mystère qui nimbe les habitant du chanteau de Aux, couplée aux villageois burlesques et aux superstitions absurdes liées à un très Grand Trou. Sauf que. Sauf que ? Au final, on est loin d’un roman fantastique une fois le mystère levé, et j’aurais bien préféré rester dans ma candide innocence. Et j’aurais bien baffé Lucy une ou deux fois, tellement je l’ai trouvé con. Mais j’ai beaucoup aimé les autres personnages habitants ce massif alpin. Pas ce à quoi je m’attendais au final, mais pas déplaisant non plus.
Trilogie La Mer Eclatée – Joe Abercrombie

Lorsque j’ai terminé le deuxième tome, j’étais fortement emballée. Je préférais même cette trilogie à la Première Loi. Même si l’on peut reprocher plein de choses à La Mer Eclatée, comme par exemple de rester de la fantasy très classique avec un héros jeune qui va se découvrir lui-même dans un récit initiatique comme il y en a déjà des centaines. Ce héros, se prête systématiquement un serment à lui même : VENGEAAAANCE ! Forcément. Dans les trois tomes. Oui.
On pourrait croire que ça s’essouffle, mais bizarrement, ça ne m’a pas plus dérangé que ça. Chaque tome suit un autre héros, qui rejoint les personnages précédents dans leurs quêtes. Et ces personnages principaux sont suffisamment différents les uns des autres et intéressants pour que leurs trajectoire personnelle ne ressemble pas à la précédente.
Puis j’ai lu le troisième et je suis arrivée vers la fin. Et tout le récit a été placé sous un éclairage différent. Bon, j’ai un peu moins accroché à l’héroïne du dernier tome aussi pour des raisons que je ne saurais même pas vraiment expliquer, alors qu’elle est peut-être même un peu plus nuancée que Yarvi, le héros du premier tome, manipulateur cérébral, et Epine, guerrière assez bornée, celle du second. Peut-être une forme de lassitude ? Au final, ce sont les personnages secondaires qui sont les plus complexes, et l’histoire leur laisse, fort heureusement, une place de choix pour se développer.
Mais alors, que s’est-il passé ? Si même les éléments mentionnés ci-dessus ne m’ont pas refroidie, alors qu’avec le recul, il y aurait de quoi ? L’univers, de prime abord classique dans la fantasy, se situe dans un genre de Scandinavie médiévale, avec guerres de religions et raids entre royaumes voisins. Sur ces terres, il y a des cités interdites, vestiges elfiques inaccessibles depuis la Brisure des Dieux. Ces cités elfiques, outre m’avoir fortement évoqué les Cités des Anciens chez Robin Hobb, ce qui ne m’a pas choqué en soi, c’était suffisamment différent pour ne pas être du plagiait, m’ont un peu gênées aux entournures une fois que j’avais percé leur secret à jour, et à l’aune de ce secret révélé, toute l’histoire bascule de la fantasy vers un autre registre de la SFFF (oserais-je le dire ? SPOILER :
anticipation et le post-apo)
et, peut être, vers la facilité dans la résolution des conflits autour de la Mer Eclatée.
J’aurais aimé que cette civilisation disparue, qui continue de projeter une ombre malfaisante sur les Royaumes autour de la Mer Eclatée, soit plus développée et gagne en identité marquée.
Au final, j’ai adoré les deux premiers tomes, malgré leurs défauts évidents, à savoir, un manque d’originalité dans leurs forme et aussi un tic langagier qui a fini par me courir sur le haricot au bout du troisième tome (je suis patiente), grâce à la plume efficace et évocatrice de l’auteur. Dommage que le soufflé soit retombé avec le dernier tome, mais j’aurais peut-être du laisser le four fermé et ne pas les lire à la chaine en trois semaines.
Charly 9 – Jean Teulé

J’aime beaucoup les livres de Jean Teulé, leur mélange historique et burlesque. Ou plutôt, j’aimais ? Je n’ai pas spécialement accroché à celui là, malgré le talent de l’auteur à peindre une fresque historique fourmillant de détails, des plus gores et horrifiques aux plus insignifiants. J’ai eu du mal à y croire, tout ne semblait exagéré et peu vraisemblable : je ne pense pas, par exemple, qu’à l’époque déjà, on ignorasse la toxicité du muguet. Si les chasses à courre dans le palais sont, semble-t’il, véridiques, l’hystérie de Margot me semble amplifiée, et tout ce grand guignol m’a semblé trop ridicule et minimisait, à mon sens, l’horreur de la Saint Barthélémy qui à pourtant fait sombrer le roi dans la folie la plus complète. Mais j’ai aimé ce nouvel éclairage sur la raison de cette nuit funeste, comme un complot ignoré par le Sachoir. Mention spéciale aussi pour la seule réplique de la reine, épouse de Charles IX.