Lovecraft Country – Matt Ruff

Lovecraft Country
Editions : Presses de la Cité489 pages
ISBN : 9782258151079Traduit par Laurent Philibert-Caillat

Voyage au pays des monstres et du Ku Klux Klan

Chicago, 1954. Quand son père, Montrose, est porté disparu, Atticus, jeune vétéran de Corée, s’embarque dans une traversée des États-Unis aux côtes d’une amie d’enfance et de son oncle George, grand amateur de science-fiction et éditeur du Guide du voyage serein à l’usage des Noirs. Pour ce groupe de citoyens noirs, il est déjà risqué de prendre la route. Mais des dangers plus terribles les attendent dans le Massachusetts, au manoir de M. Braithwhite… Les trois comparses retrouvent en effet Montrose enchaîné, près d’être sacrifié par une secte esclavagiste qui communique avec des monstres venus d’un autre monde pour persécuter les Noirs. C’est la première de leurs péripéties… Dans l’Amérique ségrégationniste, Atticus et ses proches vont vivre des aventures effrayantes et échevelées, peuplées de créatures fantastiques et d’humains racistes non moins effroyables.

Signé par un maître du genre, encensé par la critique outre-Atlantique, Lovecraft Country est un hommage au pulp et à la science-fiction des années 1950, un roman électrique d’une actualité déconcertante. La chaîne HBO ne s’y est pas trompée en décidant de l’adapter pour une série sous la houlette de Jordan Peele, le réalisateur de Get Out.


Cela faisait un moment que ce livre était sur ma wish-list, alléchée par l’allusion à Lovecraft, et lors d’une sortie à la médiathèque, j’ai l’ai enfin emprunté. Alors qu’en est-il ?

Nous suivons Atticus, un vétéran de la Seconde Guerre Mondiale, Noir, à la recherche de son père. Féru de littérature fantastique et de science-fiction, une passion qu’il partage avec son oncle, il plonge dans ce qu’il appelle Lovecraft Country, suite à un lapsus visuel. Nous suivons également son oncle, et plusieurs de ses proches, chaque protagoniste ayant droit à une partie qui lui est dédiée.

Le roman et les différentes parties oscillent, comme si chaque chapitre était un pulp différent, entre la société secrète, la maison hantée, l’espionnage, la science-fiction et ses planètes lointaines et semblent n’être liées qu’à travers les liens familiaux ou d’amitié entre les personnages, toutes les pièces du puzzle, savamment disséminées au fil des pages, finissent par s’assembler.

Atticus et son oncle sont noirs et fans de HP Lovecraft, connu pour son racisme notoire. Cela peut paraître paradoxal et ce point est bien entendu soulevé dans le roman, qui est très conscient de lui-même et des différents clichés dont font l’objet les noirs et qu’il n’hésite pas à mentionner et à moquer.

Sans être seulement un récit fantastique, hommage aux pulps qui ont publié l’auteur qui lui a donné son nom, ce livre nous décrit aussi une Amérique ségreguée, où les lois Jim Crow sont en vigueur, où certaines villes sont couvertes par une loi locale Sundown, qui met en place un couvre-feu pour les gens de couleur, où les personnes de couleur ont besoin d’un guide du routard spécifique pour ne pas finir dans une station essence qui, au mieux, refuserait de les servir.

Dans une époque post-Black Lives matters, il résonne de manière étrange. Loin et à la fois proche de nous, et pas seulement à cause de sa dimension fantastique.

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