Monika Feth
Editions : Hachette
ISBN : 978-2012013285
416 pages
Der Erdbeerpflücker
Quatrième de couverture ?
Ce livre trainait sur ma liseuse depuis deux ans, à cause de nombreuses critiques sur la blogosphère qui en disaient du bien. Seulement, j’ai préféré attendre pour le lire, la mention « jeunesse » m’ayant un peu refroidie. Il est revenu à la surface alors que je venais de terminer ma lecture en cours avant que le train ne démarre. J’avais une demie-heure devant moi, il fallait bien que je trouve un truc à lire.
L’avantage de l’epub, c’est que je n’ai jamais eu la quatrième de couverture sous les yeux. Elle spoile tout, j’ai jamais vu ça. C’est pourquoi exceptionnellement, je ne la mettrai pas ici.
J’ai voulu apprécier ce livre, j’ai essayé, vraiment. Le début n’était pas mal. Mais la sauce n’a pas pris.
Plus Belle la vie meets Derrick Columbo
Un des éléments qui m’a le plus gené, c’est que j’avais l’impression de lire le scénario d’un épisode d’un feuilleton qui passerai l’après-midi sur une chaîne publique teutonne. Tout y est, la maison appartenant à des gens riches qui impressionne les habitants du village, les lycéens de terminale qui sont assez à l’aise financièrement pour vivre en colloc sans leurs parents, mais sans forcément travailler, les descriptions inutiles (tout le monde allume la machine a espresso, mais sort pour en boire dans un café, WTF), les précisions pour expliciter ce qu’un personnage vient de dire alors que le discours était parfaitement clair, des comparaisons qui relèvent plus d’un exercice de style raté que de précisions nécessaires (le vin étincelait « comme un rubis » en plein milieu d’un dialogue assez grave). De plus, le suspense quand à l’identité du meurtrier est inexistant, le récit changeant tout le temps de point de vue, dont celui de l’assassin, aucun mystère ne plane, et ce dès le début. Et on se doute bien qu’il finira par se faire prendre.
Des personnages à l’épaisseur de papier cigarette
Les personnages les plus recherchés semblent être les personnages secondaires : Merle et Caro. L’héroïne Jette m’a fait l’effet d’une parfaite Mary-Sue à la Bella Swan : admirée par tous pour sa maturité et sa force caractère et pourtant, aucun élément du roman ne nous permet de confirmer ces impressions : elle menace ouvertement l’assassin de sa meilleure amie lors d’un discours public, puis il suffit qu’un bel homme ressemblant à Terrence Hill se pointe, et pouf, adieu veaux, vaches, cochons, maturité et chasse à l’homme (Terrence Hill… Sérieux… Il date de 2008, ce roman, pas de 1978). Ce roman est le premier d’une série appelée Outre-Rhin « Die Jette-Thriller »… Un peu comme les romans Alice de notre enfance, avec une héroïne bien transparente.
Quand à l’assassin, on comprend que le pauvre, il a souffert dans sa vie et qu’il veut être aimé d’un amour pur, mais à la fin… On n’est même pas sûrs de son nom, mais par contre, il parvient à provoquer un joli syndrome de Stockholm.
De l’action ? Où ça ?
L’action dans le Cueilleur de Fraises est lente. Très lente. La seule scène d’action fait l’objet d’une ellipse temporelle alors qu’elle commence. On ne peut découvrir la confrontation finale que par le biais de monologues intérieurs.
Si les personnages avaient été moins occupé a se siffler des espressos, il se serait peut-être passé plus de chose dans ce livre. J’aurais dû compter le nombre d’occurrences du mot « espresso », ça aurait fait un joli score d’ailleurs.
En conclusion ?
Moins d’espressos et d’énonciations d’évidences – les jeunes ne sont pas idiots au point de devoir leur préciser que l’assassin fait des trucs pas bien parce que, ben, c’est mal (je caricature à peine) – et plus d’actions ! Et éventuellement des références culturelles plausibles pour des ados de 18/19 ans en 2008, parce que Terrence Hill et Phil Collins ? Vraiment ?
Ohhh je me rappelle avoir lu ce livre à 15 ans, et même à cette époque où je lisais de la littérature jeunesse je ne l’avais pas du tout apprécié !
Ça me rassure que même les gens dans la cible n’aient pas accroché 🙂 J’ai vraiment eu l’impression qu’ils étaient pris pour des abrutis…
Pour moi aussi il traine depuis pas mal de temps dans ma liseuse ! Mais après avoir lu ton article je crois qu’il y restera encore un moment 😉